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notes de chevet

notes de chevet | listes

mise(s) à jour (pour ne pas avoir à tout relire) ; à intégrer aux listes dans quelques jours

choses qui laissent perplexes

un samedi, beaux jours revenus, à quelques centaines de mètres d’intervalle, apercevoir dans son quartier deux hommes en bottes en caoutchouc, arrosant chacun leur muret à l’aide d’un petit Karcher

les Bouddha qui trônent dans les jardins

les cailloux blancs et noirs vendus dans les jardineries pour jardin zen

ceux et celles qui, apprenant que tu pratiques la guitare, te demande : « sèche ou électrique ? »

choses agréables

la levée d’un semis

la première salade, cueillie avant plein développement

la première ciboulette dans les betteraves (gamin on disait appétit)

choses qui mènent au dedans

composer un numéro de téléphone en sachant que ce sera la dernière fois

imaginer la maison de l’enfance désormais inhabitée (déshabitée)

les mots qu’on porte dans un atelier d’écriture, les voix qui affleurent

choses désagréables

la fatigue qui t’éloigne de l’écriture

subir deux crevaisons du vélo en deux jours


choses agréables

entendre le piano dans la pièce d’à côté

se rendre compte le matin que la journée promet d’être lumineuse

retrouver (le plus souvent par hasard) un livre qu’on croyait avoir perdu

repérer, dans l’étalage du boucher, la pièce souhaitée

toucher la laine du gilet qu’on va vous tricoter

chercher le gîte où passer les prochaines vacances

suivre des yeux, début mars, le vol du premier papillon de l’année (de couleur jaune)

caresser la feuille duveteuse du plant de patate qui commence à peine à pousser, et chercher du regard si d’autres pieds lèvent

constater que, les jours de pluie, presque aucun chien n’aboie dans les jardins longés à vélo pour aller au travail (soulagement né de l’inconfort) (un temps de chien conviendrait mieux qu’un temps à ne pas mettre un chien dehors, expression qui semble plutôt faire référence au froid qu’aux intempéries)

écouter la lecture d’extraits de Sei Shônagon pendant qu’on conduit

un bocage le matin, lumière vive et rosée

l’anarchie qui règne dans la circulation dans la zone qui borde un marché (voitures hésitantes et piétons insolents)

(pour la détente et le repos procuré)

s’endormir dans un bain chaud

s’allonger pour une dizaine de minutes après le repas du midi et, dans ce demi-sommeil, percevoir les bruits des proches dans la maison

(pour la satisfaction du travail bien fait, et parfois le soulagement d’être parvenu à faire ce qui rebute parce qu’on connaît son peu d’aptitude à *)

entendre le bruit régulier, comme coulant (cristallin doux, ou gras ?), de la chaîne de vélo bien huilée

constater que les freins du vélo sont réglés*

constater que la rustine collée sur la chambre à air a tenu*

jouer les harmoniques d’une guitare accordée

sur la lame du couteau, constater la cuisson d’un gâteau enfourné

constater qu’un semis débute sa levée

constater que le rang d’un semis lève avec régularité sur toute la ligne

constater à temps l’arrivée d’escargots sous sous les châssis, les ôter de là 

soulever la couverture sous laquelle blanchit une frisée et constater que celle-ci n’a pas pourri pour cause d’humidité stagnante

(pour le plaisir partagé)

constater qu’un ami ou un proche se ressert du plat que vous avez préparé

voir s’afficher un sourire après qu’un ami ou un proche ait goûté le vin que vous lui avez servi

constater que l’ouvrage prêté/conseillé a plu

constater que l ?ouvrage prêté/conseillé a eu l’effet souhaité (ou est entré en résonance, a suscité des harmoniques)

choses désagréables

avaler le marc déposé au fond de la tasse de café

au travail, entendre la sonnerie à peine le café préparé par la machine

se couper en se rasant

se raser, surtout quand trop attendu (peau s’irrite)

constater la crevaison d’une roue du vélo en se rendant au travail

dérailler (circonstances identiques)

ressentir les premières démangeaisons de l’eczéma

se couper en sortant une feuille du cartable

voir les paquets de copies entassés sur l’imprimante

surprendre le chat en train de voler de la nourriture

être réveillé par une crampe

constater, en se levant, que le mal de dos est de retour

passé cinq kilomètres de marche, la douleur sous l’omoplate

subir la voix trop forte d’un qui, assis à vos côtés, ignore, au profil que vous lui offrez, votre désintérêt pour sa conversation, et vous hurle d’autant plus près de l’oreille que vous lui présentez

pédaler contre le vent du nord est pour aller au travail

constater, rangeant ses paquets de graines, qu’un bon nombre est périmé

(parce qu’elles ont trait à l’angoisse, au mal être)

l’ennui accompagné d’indécision

les matins où, incapable d’écrire, consulter son courrier électronique, se connecter aux réseaux sociaux

ces matins-là , comprendre, mais trop tard, qu’on aurait mieux fait d’aller marcher (mais ç’aurait été admettre que quelque chose clochait, et devoir chercher quoi)

constater qu’à remettre à plus tard les tâches sans joie, celles-ci s’insinuent, pèsent de tout leur poids, et rendent tellement d’heures stériles et vides

le vertige qui prend à marcher dans la plaine (sentiment double d’être exposé au vide et à un espace sans fin)

repousser le moment de ranger son bureau

choses qui laissent perplexes

au travail, être salué d’un Ave avec sourire complice en sus (mais n’avoir rien d’autre en partage)

au travail toujours, être salué d’un coucou tonique par quelqu’un que tu connais à peine, dont tu ne te souviens pas même du prénom

entendre une jeune femme/fille déclarer qu’elle s’en bat les couilles

une maison du voisinage aux volets toujours fermés

une autre abandonnée depuis plus de quinze ans

les pâtisseries aux couleurs flashy du supermarché

un(e) enseignant(e) qui ne maîtrise pas l’emploi du pronom relatif

l’enchaînement des fêtes consuméristes au long de l’année

la façon qu’ont les supermarchés d’anticiper ces fêtes

un cimetière abandonné, au fond du parc d’un hôpital psy

les guirlandes de jeux à gratter dans les bars

les arbres plantés dans des espaces trop réduits

à propos des précédents, la façon dont on les ébranche, brise leur verticalité

les averses de grêle au printemps, quand les fruitiers sont en fleurs (à terre, le blanc des grêlons et celui des pétales)

le regard offusqué de celui ou celle qui n’a pas su retenir son chien, lorsqu’on intime à celui-ci de se taire et de vous laisser tranquille

l’employé municipal qui, sur son engin auto-porté, tond les pâquerettes en fleurs — la bande verte d’herbe rase, puis les couleurs mêlées, rose, blanc et vert, avec léger mouvement du vent (on savait déjà que le propre tient du mort) (et la mécanique bruyante du vainqueur d’un jour)

recevoir des spams rédigés en langue anglaise, comme si cet usage d’une langue qui n’est pas la mienne ne sentait pas l’entourloupe

recevoir des spams qui reprennent en objet les mêmes intitulés clichés, avec éternelle variation de prénoms (cette irruption de la fiction, cette collection de personnages)

constater que les tailles de rosier, disposées sur un semis de petits pois pour

éloigner les oiseaux, ont été en partie déplacées par ces derniers

une église à l’écart d’un village

une ferme en bord d’autoroute

conduire longtemps dans le brouillard

passer en voiture au dessus d’une rivière et apercevoir l’ancien pont en ruines, coupé en deux

des hommes jeunes, buvant des bières dans le jardin public qui jouxte une cathédrale (non pour ce qu’ils font là , mais pour l’attente qui se dégagent de leurs regards, et la violence aussi un peu)

choses dont on néglige souvent la fin

un film devant lequel on s’ennuie

idem pour la conversation

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